UNE PARABOLE EN ACTE

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BERNARD SESBOÜÉ

Avec la résurrection de Jésus, nous arrivons au cœur du message chrétien sur l’homme et son salut. « Si le Christ n’est pas ressuscité, écrit saint Paul, votre foi est illusoire, vous êtes encore dans vos péchés. »

Tout d’abord une donnée s’impose : en ressuscitant, Jésus n’est pas revenu à son état de vie antérieur. Le mode de sa manifestation à ses disciples est tout autre ; il n’est plus de l’ordre du compagnonnage continu, mais de la manifestation soudaine et gratuite qui échappe aux lois de notre espace et de notre temps. Sans doute Jésus ressuscité s’est-il donné à voir aux siens sous une forme adaptée au fait qu’eux-mêmes n’étaient pas encore ressuscités. Mais il y a une discontinuité évidente, malgré une continuité réelle, entre l’état du Jésus pré-pascal et le statut du ressuscité. Ce qui nous annonce que Jésus a franchi les limites de notre histoire, qu’il n’est désormais plus susceptible de mourir, qu’il est parvenu en Dieu à une vie définitive avec son humanité.

Un second point est également essentiel. La résurrection intéresse la totalité de la personne du Jésus d’avant Pâques y compris son corps mortel. Telle est la raison pour laquelle Jésus, au cours de ses apparitions, veut se faire reconnaître par les sens corporels des siens : « il a été vu », il a été touché, il a bu et mangé avec eux. Il n’est ni un pur esprit, ni un fantôme.

Mais il était important aussi que la résurrection corporelle de Jésus se traduise négativement, du côté de notre monde empirique, par la disparition de son corps. Telle est la signification du tombeau trouvé ouvert et vide. Ce n’est pas à proprement parler une preuve de la résurrection, mais un signe important sur son fait et sur son sens. Car au regard de l’anthropologie juive, le corps est la personne même. On a pu dire que l’annonce de la résurrection n’aurait pas pu tenir un jour ni une heure à Jérusalem, si le vide du tombeau n’avait pas été un fait bien assuré pour tous les intéressés. Dans la prédication de la Pentecôte Pierre en appelle au fait que le Christ « n’a pas été abandonné au séjour des morts et que sa chair n’a pas connu la décomposition ». Dans sa discrétion, le tombeau vide est un signe annonciateur du retournement eschatologique du monde. Il nous dit que la figure actuelle de ce monde n’est pas sa réalité définitive. La loi de la corruption n’est pas le dernier mot de la condition humaine, puisqu’en la personne de Jésus le cosmos a déjà connu une déchirure, dont l’achèvement doit rendre l’univers transparent à la vie de Dieu.

Ces points sont d’une importance décisive pour nous. Car la résurrection de Jésus est en quelque sorte la parabole en acte de ce que doit être notre résurrection. Tel il est ressuscité, tels nous ressusciterons. La résurrection de Jésus a valeur eschatologique, parce qu’elle représente déjà du définitif et qu’elle annonce ce que sera notre état définitif.

BERNARD SESBOÜÉ, La résurrection et la vie, p. 43-45.

Amen,

Eden

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