(…) Le sixième degré fait que l’âme court d’un pas léger vers Dieu et l’atteint souvent de ses touches. Son espérance fortifiée par l’amour court sans défaillance et vole avec légèreté. C’est de ce degré qu’Isaïe a dit : « Ceux qui espèrent en Dieu prendront de nouvelles forces; ils auront des ailes comme l’aigle; ils courront sans fatigue; ils marcheront et ne se laisseront point« , comme cela leur arrive au cinquième degré. A ce degré se rapporte également ce texte de David: « Comme le cerf soupire après les sources d’eau vive, ainsi mon âme soupire après toi, ô mon Dieu« . Le cerf, en effet, poussé par la soif, court d’un pied très léger vers les eaux vives. La cause de cette légèreté que l’âme possède à ce degré d’amour lui vient de ce que la charité s’est déjà très dilatée en elle et qu’elle eut presque complètement purifiée de tout, comme le donne encore à entendre le psaume dans ce texte; « Préservée de toute iniquité, j’ai couru vers toi »; et dans cet autre: « J’ai couru dans la voir de vos commandements, lorsque vous avez dilaté mon coeur« . Aussi l’âme passe tout de suite de ce sixième degré au suivant. (…)
p.642, <La nuit obscure de l’esprit>, saint Jean de la Croix