Journal d’un maraudeur : Avec la patience de Zacharie et comme Simon de Cyrène

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Nous avons terminé notre maraude au parking du sous-sol des Invalides où loge notre ami Patrick. Il a été hospitalisé récemment à cause d’une tentative de suicide. Il s’est immolé après avoir bu trop d’alcool et s’est brûlé au troisième degré. Le médecin lui a dit qu’il faudra beaucoup de temps pour pouvoir marcher de nouveau. L’opération s’est bien passée mais ses muscles sont devenus si  vulnérables qu’il risque de faire de l’ischémie. Il a déjà montré à Jacques les trous horribles dans les muscles de ses jambes à cause de pansements trop souvent défaits par impatience. Mais il reste apparemment insouciant. Ce n’était pas sa première tentative de suicide. Nous sommes attristés de cette nouvelle et Jacques l’a visité plusieurs fois à l’hôpital depuis deux semaines. read more

Journal d’un maraudeur : La foi et la réalité sont de la même famille.

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Saint Frassati de la Conférence Saint Vincent de Paul

Nous nous dirigeons ensuite vers la place de Breteuil où se trouvent les migrants des pays de l’Est. Les Slovaques, les Polonais qui parlent à peine français campent habituellement là. Nous les aidons à vérifier les dossiers de séjour, d’aide sociale et de contrat de travail temporaire. Ils sont assez motivés pour trouver du travail et un logement. Ils y arrivent beaucoup mieux que les autres sans abris d’origine française à cause de leur mental d’acier.

Ils sont quelques fois assez pieux aussi, étonnamment inspirés par le Saint Esprit dans leur prière par rapport aux croyants tièdes ou même totalement froids qui se présentent comme « croyants  mais non-pratiquants « dans plupart des paroisses en France. Ils nous demandent quelque fois de prier avec eux le chapelet. Cela nous touche profondément et ils corrigent la faiblesse de notre foi . Nous faisons-nous une idée fausse du christianisme? Il est encore bien vivant dans les pays de l’Est et dans la rue tout près de chez nous! read more

Journal d’un maraudeur : Mais, on bouge! La foi c’est aussi de savoir bouger.

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Nous avons continué notre maraude pour voir Paul, un des nos amis sdf vers l’Ecole Militaire. Benoit a arrêté soudain sa voiture. Il y avait un jeune homme sdf inconnu devant un magasin éclairé dans l’avenue Bosquet. De loin on voyait son état de misère totale. Il avait les pieds nus, une chemise sale sans boutons et un pantalon d’été déchiré malgré le froid glacial. Il était assis sur un sac de couchage très mince, déchiré de partout. Nous n’avions presque jamais vu un sdf dans un état aussi lamentable.Il semblait avoir une vingtaine d’années. C’était un très beau garçon ,plein de charme. Ses yeux étaient purs et étonnamment souriants malgré sa situation. Parmi les gens rencontrés ce jour-là il fut le seul qui m’ait accueilli avec un sourire. Ironie de la vie! read more

Journal d’un maraudeur : La foi incarnée dans l’humilité totale.

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Nous étions six ce soir-là. Jacques est parti avec un groupe de jeunes, deux garçons et trois filles dans son camion de maison de campagne qu’il a fait remonter à Paris pour la maraude. J’ai fait équipe avec Benoit, âgé de plus de quatre vingts ans, avec sa barbe blanche et son ventre du père Noël. Le coffre de sa petite voiture usée était comme d’habitude plein de vêtements, de sous-vêtements, de sacs de couchages, de chaussettes et aussi de bonbons et de peluches. Il apporte quelque fois son fameux thermos des années soixante-dix que sa femme remplit de soupe concoctée par la recette traditionnelle de sa maison. read more

Jésus dans le métro

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J’ai rencontré un musicien dans le métro en courant vers l’église St Gervais pour une veillée de prière, « Veilleurs de Semeurs », hier soir. J’étais très en retard et j’ai passé devant lui sans m’arrêter. Il s’est appuyé sur le mur la tête en bas, accroupi, presque le nez par terre.

Un amplificateur, une trompette et un mince sac polyester très sale attaché sur son dos, il représentait toutes les misères d’une vie abîmée, déchirée, ruinée jusqu’au fond de son corps. Personne ne le regardait. Il était là comme un homme-poubelle. J’ai finalement arrêté de courir et je suis retourné à l’endroit où il était. Je me suis approché de lui et j’ai posé ma main sur son dos. Je lui ai parlé : « Vous allez bien? Vous avez besoin de quelque chose? » Il a répondu : « J’ai rien mangé. » Ses yeux n’avaient presque aucun signe de vie. Il était au bout de sa souffrance. read more